INTRO DE LA SÉRIE
A travers mon travail de photographe de portrait entre Paris et New York,
je suis amenée à rencontrer beaucoup de femmes (et d'hommes) qui ont chacune
des personnalités uniques et inspirantes à leur manière.
Avec le challenge des récentes semaines (confinement dû au Covid19 à New York), je m'aperçois que ce qui me manque et me drive le plus, est de rencontrer les personnes
que je photographie: avoir ce moment privilégié ou je découvre
leurs histoires, leurs challenges, leurs projets.. pour ensuite
créer des portraits forts et 'vrais'.
Après chacun de mes shootings photo, j'ai toujours un RUSH d'énergie
suite aux discussions et à l'inspiration partagée dans le studio.
En ces temps uniques, j'ai eu envie de partager avec vous ce coup de boost
à travers cette série de blog "Empowered Madames' car comme il est dit:
"Empowered women empower women".
MAGALI SABY
QUI EST MAGALI SABY?
Avant de lui laisser la parole ci-dessous, je vais partager un très bel article paru dans Gala qui illustre parfaitement le parcours incroyable de Magali.
Je suis ravie de voir que je n'ai pas été la seule a être vraiment touchée par son grand sourire et rire communicatif, et par l'énergie positive incroyable qui émane de cette jeune femme.
Nous avons organisé la séance photo de Magali dans un studio de danse parisien et ce matin là, il n'avait pas été chauffé mais malgré une température "inconfortable", Magali et moi avons eu un super moment d'échange et de création. Wow, quelle Madame Incroyable !
DANS TA VIE PRO ET EN GÉNÉRAL, QUELLES ONT ÉTÉ TES PLUS GROSSES PEURS ET COMMENT AS-TU RÉUSSI À LES SURPASSER ?
"J'ai été victime d'une asphyxie du cerveau à la naissance, je suis donc en situation de handicap depuis toujours. J'ai été contrainte pendant une dizaine d'années d'être suivie dans des centres hospitaliers, des centres de rééducation fonctionnelle: ce qui implique d'être séparée de ses proches, de ses parents et de sa famille. Indirectement, j'étais déjà en confinement obligé pendant une dizaine d'années !
Je pense que mes plus grandes peurs, au delà d'un état physique, elles ont été psychologiques, puisque cet enfermement contraint dû à mon état de santé, etait très difficile à vivre. Ma plus grande peur tournait autour de la maîtrise de mon mental, trouver l'oxygène et l'énergie pour avancer dans un milieu aseptisé, déterminé, où la réalité n'est pas la même. Le rapport au temps aussi n'est pas le même.
Le confinement récent (Covid 19 à Paris) a été vécu par beaucoup comme anxiogène parce que ça nous rappelle la maladie, la mort, l'inconnue, c'est très anxiogène et c'est tout à fait normal.
Mais il faut aussi relativiser et comprendre que l'enfermement peut ne pas être uniquement physique, mais peut être aussi mental. C'est le cas pour l'enfermement mais inversement c'est aussi le cas pour la liberté. Comment trouver de la liberté et l'oxygène quand votre corps vous en empêche ?
C'est ce que j'ai essayé de faire en fait pendant cette dizaine d'années et j'ai trouvé le moyen de m'échapper à travers l'art.
J'ai énormément lu, et écouté de la musique: je me suis nourrie intellectuellement. Je me disais toujours: "Il ne faut pas que je meurs intellectuellement.
J'ai été confrontée autour de moi pendant cette période, à des handicaps beaucoup plus lourds que le mien (mentaux, traumatismes crâniens, etc.) Et donc, du coup, je me disais qu'il fallait que je me nourrisse intellectuellement pour ne pas mourir intellectuellement. Et je pense que c'est l'art qui m'a permis de surpasser mes angoisses et mes peurs et m'a permis de trouver de l'oxygène, une liberté. Ma liberté était plus mentale que physique.
Et j'ai aussi un défaut : c'est de toujours vouloir être parfaite, de toujours vouloir être à la hauteur, toujours être au top. Et donc ma plus grosse peur c'est, au delà de décevoir les autres, de me décevoir moi même.
Dans tout ce que j'entreprends dans ma vie personnelle et professionnelle, je vais au bout des choses. Je ne lâche jamais. Ou alors quand je "démissionne" c'est que je suis allée au bout du contrat moral que je m'étais fixée. J'ai donc aussi cette peur de ne pas aller au bout de ce que je m'étais fixé. Mais une fois que je suis allée au bout de ce que j'ai décidé, je suis rassurée, sereine avec moi même et donc du coup, je peux partager avec les autres."
Y A-T-IL UNE CHOSE QUE TU TE CROYAIS INCAPABLE DE FAIRE MAIS QUE TU AS TOUTEFOIS RÉUSSI ?
"Rien ne me prédestinait, après dix ans passés dans différents hôpitaux, à vivre ce que j'ai vécu.
Il faut rappeler que ma mère attendait quatre enfants et sur les quatre enfants je suis la seule survivante. Donc même avant ma naissance, j'ai eu un passé déjà assez riche en détermination. J'ai été hospitalisée, intubée donc vraiment rien ne me prédestinait à être aujourd'hui danseuse et à sillonner le monde avec mon fauteuil roulant.
Voyager à l'international est vraiment une chose que je ne me croyais pas capable de faire et que j'ai réussi à faire quand même. C'est beaucoup plus facile d'avancer dans ce genre de projet localement, mais de là à dire "OK, je suis danseuse, différente et je l'assume et je pars avec mon fauteuil à l'international", c'est autre chose.
Donc oui, je pense que je ne soupçonnais pas ce qui m'arrive aujourd'hui.
Aussi les métiers artistiques sont des métiers d'image, c'est toujours difficile de se confronter au regard de l'autre mais j'ai appris à avoir le courage d'aller au-delà... sinon on reste vraiment dans la limite du regard des autres .. c'est dommage."
QUEL CONSEIL DONNERAIS-TU À QUELQU’UN QUI EST PERDU(E) AU NIVEAU CHOIX DE CARRIÈRE ET DE VIE ?
"Pour moi, un métier doit avoir une dimension de « passion ». Il y a beaucoup de gens qui pensent ne pas avoir le choix, et c'est dommage parce qu'il y a quand même des possibilités pour essayer de trouver toujours cet oxygène et cette énergie qui rendent le quotidien plus joyeux.
On passe une bonne partie à donner son énergie au travail, donc si on fait son travail seulement par dépit, c'est dommage de gâcher la seule vie qu'on ait...
Donc je dirais de faire un point sur sa vie et surtout de se recentrer sur soi même et ses propres envies quand on le fait. Se poser des questions comme :
Où j'en suis dans ma vie personnelle / ma vie pro ?
Qu'est ce que j'aime ou pas ?
Qu'est ce que j'aimerais refaire ou pas ?
Est ce que je suis heureuse/heureux en faisant certaines choses plus que d'autres ?
Qu’est ce qui me fait vraiment plaisir ?
Et tout ça sans inclure un aspect financier ou familial. Juste vous. Vous et vos envies.
Et ensuite, se demander qu'est ce que je pourrais faire pour changer ma situation, pour aller vers ce qui me rend vraiment heureuse/heureux.
Alors oui, changer, ça demande de l'audace et du courage mais au final ça vaut vraiment le coup.
Une fois que vous avez diminué le nombre d'options face à vous, renseignez-vous, et commencez à créer petit à petit votre réseau. Il faut vraiment ne pas hésiter à aller à la rencontre des autres, discuter, d'échanger, d'aller à des séminaires, des colloques, se nourrir un peu de tout et ensuite, tout doucement, monter un projet. Alors oui, le projet peut être petit au début, mais le tout c'est surtout de commencer.
C'est ce que j'ai fait quand j'ai commencé à être danseuse: Au début, je n'avais pas de réseau, donc je suis allée à plusieurs séminaires. J'allais à toutes les rencontres possibles pour me créer mon réseau, j'ai commencé à passer des auditions . Et puis on m'a rappelé. Puis mon réseau à grandit ... Il ne faut pas avoir peur d'aller à la rencontre des gens, il faut aller au devant, au devant des gens et ne pas avoir peur. Oser. "
EST-CE QUE TU AS DES MOMENTS OU TU ES FATIGUÉE ET DÉMOTIVÉE ? QU’EST CE QUE TU FAIS DANS CES MOMENTS POUR TE REMETTRE SUR UN CHEMIN POSITIF ?
"Oh oui, il y a évidemment des moments ou je suis fatiguée et démotivée. Mais j'ai la chance d'avoir un caractère ou je me pousse vers le haut.
Là en ce moment c'est un exemple parfait: Nous sommes confinés, on ne peut pas sortir, on est privé de liberté physique.
Donc si je prends mon exemple, c'est un moment très anxiogène pour moi, puisque ça me rappelle un passé douloureux, un enfermement hospitalier que je n'ai pas du tout envie de revivre.
Comment je surmonte ce moment ?
J'ai découvert la méditation, c'est très simple pour gérer les crises d'angoisse. Ce n'est pas la peine de faire 50 minutes de méditation du premier coup, mais 10 minutes/jour déjà pour commencer ça permet de canaliser votre oxygène et de vous canaliser à l'instant présent. En général, quand on a des crises d'angoisse, c'est parce que le mental l'emporte au delà des situations réelles et actuelles.
Au delà de la danse, je me suis aussi découvert une passion pour la cuisine. J'adore. J'adore cuisiner parce que je me suis rendue compte que quand tu cuisines, tu offres. On y passe du temps à quelque chose de concret et on concentre son énergie sur une production concrète. Du coup on arrive à vider son mental...Je trouve que la cuisine a un côté très apaisant"
EST-CE QUE TU REGRETTES DES DÉCISIONS (PRO OU PERSO) ? QU’EST CE QUE TU AURAIS FAIT DIFFÉREMMENT ?
"Ça serait hypocrite de dire qu'on ne regrette rien. Oui aux premiers abords j'ai fait des choix que je regrette, mais je pars aussi du principe qu'ils m'ont amenés aussi sur le chemin positif sur lequel je suis maintenant.
Même si certains choix ont été difficiles, compliqués et pas forcément bons, j'essaie d'y trouver un aspect positif, que ce soit dans ma vie personnelle ou professionnelle. Bien sûr que dans ma vie personnelle, notamment dans mes relations sentimentales, il y a des choses que je regrette mais avec le recul, je me dis c'est aussi ce qui fait ma force d'aujourd'hui.
Pareil dans ma vie professionnelle : certains projets ne se sont pas passés comme je l'aurais souhaité, mais je me dit qu'il fallait que je passe par ce chemin là.
C'est dur à voir mais dans les choses négatives, il y a toujours un côté positif."
IL EST DIT QUE DANS LA VIE, IL Y A UN MOMENT OU L’ON SENT QU’ON EST VRAIMENT SUR LE CHEMIN QUI NOUS EST DESTINÉ.
EST-CE QUE TU AS DÉJÀ RESSENTI CE MOMENT ? QUAND ÉTAIT CE MOMENT ?
"Je dirais que c'est le moment où je danse, où je suis sur scène. J'ai l'impression de ne plus être perçue comme simplement une personne handicapée ou en situation de handicap, mais d'être perçue par le public et par l'équipe artistique, comme une artiste. Oui, c'est toujours à ce moment là.
C'est là aussi ou j'ai le sentiment d'avoir fait le bon choix de vie. C'était un choix difficile à assumer, autant financièrement que psychologiquement, parce qu'une vie d'artiste n'est pas toujours facile mais avec le recul, et quand je suis sur scène, je sais que j'ai fait le bon choix, et j'en suis tellement heureuse. J'ai vraiment l'impression d'être à ma place et d'avoir vraiment une légitimité en tant que en tant que personne et en tant que femme."
QUELLE EST TON ACTIVITÉ ’SELF CARE’ PRÉFÉRÉE ? TON MOMENT PRÉFÉRÉ ?
"La cuisine est mon activité self-care préférée.
Et un moment que j'aime beaucoup ... c'est... Noël.
C'est un moment qui peut-être très nostalgique que j'aime beaucoup: les bonbons de Noël, les vacances, la famille..
C'est un moment coocooning protégé en famille, ou l'on rit, on pleur, on se rappelle les moments du passé et on parle du futur. J'adore ce moment."
QUEL A ÉTÉ TON MOMENT LE PLUS FORT JUSQU’À PRÉSENT ?
"Il y en a plein, mais je dirais que c'est quand j'ai été engagée par l'Institut Français en Indonésie pendant un mois où j'ai pu y monter ma propre création sur place. J'y ai donné aussi des conférences, des workshops.
Être au plus près des populations qui, matériellement, n'ont pas grand chose mais qui ont un tel savoir être et sens du partage. C'est un moment où j'avais besoin de cette énergie là et de pouvoir me ressourcer, et aussi me retrouver face à moi même.
Cela a été un voyage extrêmement riche où j'ai pu découvrir le peuple indonésien absolument merveilleux, à partager des moments extraordinaires... J'espère y retourner très prochainement...
Au niveau personnel, le moment le plus fort a été ma rencontre avec avec mon compagnon: trouver quelqu'un avec qui on partage les mêmes aspirations dans le respect, des moments dans la bienveillance... c'est quelque chose qui est rare à l'heure habituelle."
📚 LE LIVRE LE PLUS INSPIRANT?
Je dirais Le Petit Prince de Saint-Exupéry.
C'est un livre dont je ne me lasserai jamais, un livre que je recommande pour les enfants mais surtout pour les adultes. Un vrai chef d'oeuvre.
💃🏻LA MUSIQUE QUI TE BOOSTE ?
En ce moment, il y a une chanson que j'aime beaucoup, qui s'appelle Reviens pour l'hiver de Barbara Pravi. C'est une jeune artiste chanteuse que j'ai découverte très récemment et que j'aime beaucoup. Barbara. Sinon j'aime bien Madame Monsieur et Juliette Armanet
🍿 LE FILM QUE TU ADORES
J'adore Bridget Jones et les films dans le même genre, avec Julia Roberts, les comédies romantiques avec du Nuttela, installée sur mon canapé.. J'adore.
✨TA CITATION PRÉFÉRÉE
J'adore cette phrase: "Nobody is perfect...but we can dance"
Et sinon une citation de Maud Fontenoy, une navigatrice française :
"Ne laissez personne vous dire que c'est impossible!"
OU RETROUVER MAGALI
ENVIE DE RENCONTRER D'AUTRES EMPOWERED MADAMES ?
Tous les portraits professionnels de Magali Le Naour-Saby de cet article ont été pris par la photographe professionelle Alice Prenat pour le studio Portrait Madame à Paris et New York.
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